Il y a quelque temps, au cours d’une discussion avec une collègue, je l’ai sentie se fermer et après, elle ne me parlait plus.
J’ai ressenti un malaise car n’ayant aucune idée de ce qui avait pu provoquer un tel changement d’attitude.
Je me suis posée des questions, j’ai pensé à plusieurs causes possibles, j’ai élaboré des scénarios… car je n’avais simplement émis qu’un avis différent du sien qui, à mes yeux, ne justifiait pas une telle réaction.
Quelque temps plus tard, à la suite d’un courriel que j’ai reçu, c’est moi qui ait réagi et me suis fermée à mon tour.
Une autre collègue m’annonçait une décision prise unilatéralement, sans m’avertir, me mettant devant le fait accompli alors que nous sommes toutes les 2 au même titre sur un projet commun et que cela ne me convenait pas.
Ces 2 anecdotes que je vous partage m’ont fait réfléchir à la difficulté d’avoir de bonnes relations professionnelles, des relations saines.
Elles sont souvent très fragiles, susceptibles de très vite se dégrader et/ou s’envenimer.
Et j’imagine que je ne suis pas la seule à avoir connu au travail, ce genre d’histoires ou d’incidents similaires comme :
- Vous êtes en réunion et n’êtes pas d’accord avec certaines solutions ou projets ou décisions mais vos propos ne sont pas pris en considération ou sont rejetés
- Vous attendez des retours de vos collègues et devez les relancer plusieurs fois sans avoir de réponses
- Vous envoyez un courriel et il est mal interprété
- Vous recevez des critiques injustifiées
- On vous retire un dossier dans lequel vous vous étiez très impliqué
- Vous exposez un projet et il est descendu en flèche
- Etc.
Toutes ces situations peuvent donner lieu à des ressentiments, des conflits, des mésententes.
Vous pouvez en être la cause comme la « victime ».
Et cela arrive assez fréquemment.
Je ne connais pas un milieu de travail sans que puisse naître des « accrocs » relationnels de ce genre.
Car nous sommes des êtres humains complexes, avec des éducations, des cultures, des parcours différents et les probabilités de mésentente deviennent très élevées si nous n’y prêtons pas attention.
Et cela nécessite effectivement d’être très attentif dans nos échanges communicationnels.
Si je peux me permettre un parallèle, c’est un peu comme la conduite automobile.
Que vous soyez sur une route de campagne, sèche, de jour et sans circulation, vous devez quand même être vigilant.
Certes peut-être pas autant que si vous étiez en plein verglas, de nuit, avec beaucoup de voitures autour de vous.
Mais dans tous les cas, cela demande une attention de chaque instant et la mise en place de réflexes, de comportements adéquats et d’attitudes adaptées.
Il en est de même pour les relations au travail.
Que ce soit avec un collègue de longue date ou avec lequel vous avez des affinités ou avec une personne qui fonctionne de manière différente de vous, un subalterne ou au contraire, une figure d’autorité, vous devrez être vigilant dans votre manière de vous exprimer et d’interpréter !
Les sources de conflits au travail peuvent être nombreuses et variées.
Cela multiplie les possibilités de troubles, de discordes.
Elles ne concernent pas une catégorie de personnes spécifiquement (heureusement !) mais plus des personnes qui ne savent pas bien communiquer.
Pourtant, il existe des règles relationnelles qui ont fait leur preuve.
Elles sont aidantes, efficaces et facilitent les échanges.
Alors pourquoi s’en priver ?
Pour ma part, je me suis inspirée de plusieurs outils comme :
- Mon livre que je vous invite à découvrir : « Le dico pour des relations saines.«
- Mon ebook : « Pour des relations saines au travail »
- D’autres acquis dans mon métier
que j’ai utilisés dans les 2 cas dont j’ai fait mention au début de cet article.
Cela a permis de résoudre les 2 situations.
Voir aussi : Que faire lorsque l’on ressent du mal-être au travail ?
Voici donc 6 outils qui vous aideront à avoir de bonnes relations au travail.
1. « Ne pas penser » !
Trop souvent, nous pensons à la place de l’autre. Nous lui prêtons des intentions, des comportements, des idées… !
Car cela ne sert à rien !
Nous ne sommes pas dans la tête de la personne et tout ce que nous pouvons élaborer sera nourri par notre manière de penser, de réagir, de fonctionner.
Nous pouvons nous tromper, mal interpréter ou anticiper de manière inadéquate ses réactions.
Parce que généralement, nous nous basons sur nos réactions, nos manières de faire et d’agir.
Donc, comme disait mon professeur en thérapie :
« Dans l’intérêt de la raison, doutez, doutez, doutez (de vos jugements, vos à priori, pensées…) et VÉRIFIEZ !«
Donc, c’est ce que j’ai fait !
Le plus simple était de leur parler, les interroger et chercher à comprendre ce qui c’était passé afin d’éliminer tout malentendu, conflit ou mésentente qui pourrait, en plus, perdurer dans l’avenir.
2. En parler rapidement…mais pas trop !
Si vous laissez passer trop de temps, la situation peut mal évoluer, se « pourrir », dégénérer de diverses façons :
- Votre énergie va en souffrir car c’est « énergétivore ». Vous allez ressasser dans votre tête, y penser continuellement, perdre une part de votre attention.
- Les affaires vont se poursuivre et le temps manquera pour en changer la tournure.
- Vous tasserez tout cela dans un coin de votre esprit mais ne vous sentirez pas mieux pour autant
- Votre attitude vis-à-vis de l’autre va changer et cela créera un malaise persistant.
- Vous ne communiquerez plus ou le moins possible et un climat de suspicion, désaccord ou dissension permanent s’installera.
Donc, je vous invite à en parler le plus rapidement possible… mais à 3 conditions :
- Attendre que l’énergie de l’émotion : colère, frustration, peine, ressentiment, etc … soit retombée.
- Ne jamais parler d’un problème sous le coup de l’émotion.
- Le faire dans un lieu neutre : salle de réunion, bureau libre, petit café du coin, etc. …
- Attendre le moment opportun : être seul à seul, disponibles, avec un peu de temps devant soi.
3. Adopter la position « basse »
Lorsque je me suis adressée à ces 2 personnes, j’ai commencé par les remercier de prendre le temps de parler avec moi et d’accepter que l’on discute ensemble de ce qui c’était passé.
C’est important de le reconnaître et de mettre l’accent dessus.
Car il existe, malheureusement, des cas où le dialogue est impossible. Et vous êtes alors confrontés à un sentiment d’impuissance.
Mais là, j’évoque l’éventualité d’échanges possibles qui feront en sorte que la situation pourra s’améliorer et/ou évoluer.
Puis j’ai annoncé que je désirais avant tout trouver une solution afin que ça soit gagnant-gagnant.
Enfin, j’ai émis l’hypothèse que j’avais certainement dû passer à côté de quelque chose et que mon but était de comprendre les enjeux, ce qui c’était passé et pouvoir ainsi, éventuellement, rectifier le tir, changer un élément, redéfinir les objectifs, les rôles de chacun, etc.…
Je me suis mise dans l’ouverture et pas sur la défensive ou dans une position de reproches.
Je n’ai surtout pas annoncé : « Il faut que je te parle » qui met l’autre en position d’alerte, prêt à se battre.
Ce n’est pas un règlement de compte que je veux initier.
Mais bien un dialogue, un échange constructif.
4. Parler des faits
La plupart du temps, lorsqu’on a un reproche à faire, cela vient avec :
- Un ton de reproche !
- Un langage non verbal négatif
- Des accusations : tu…
- De la mauvaise foi qui se traduit par des superlatifs comme: toujours, jamais, rien, etc.…
- De l’émotion
- Une fermeture d’esprit
- Etc.…
Il a été démontré mainte et maintes fois que ça n’aidait pas à la communication, au contraire !
Pour qu’une conversation soit positive, vous devrez changer ce scénario obsolète.
Parlez des faits de manière objective, neutre, sans les exagérer, ni les dramatiser mais en les replaçant dans leur contexte.
Les faits, rien que les faits !
Vous pourrez ensuite expliquer comment vous les avez interprétés, reçus, compris et cela permettra d’éclaircir bien des épisodes qui auparavant auraient tourné au vinaigre.
5. Proposer une solution
Dans la mesure où vous avez prévenu que vous désiriez trouver une solution, je vous invite à en suggérer une vous-même, minimalement.
Cela amorcera une discussion, peut-être même déclenchera un « brainstorming ».
Donc, si vous êtes créatif et/ou que la situation le permet, n’hésitez pas à en proposer plusieurs ! Il n’y aura pas d’excès, vous pouvez être tranquille !
Et puis, comme vous le savez, « plus on a de choix, mieux c’est ! »
6. Utiliser l’humour
L’humour est un des piliers nécessaires à une bonne relation de qualité.
Malheureusement, trop souvent, les personnes l’oublient.
Elles ne l’utilisent pas ou peu. Elles le prennent mal, s’en servent mal, le critiquent …
Quel dommage !
83 % des salariés considèrent que la place de l’humour dans l’entreprise est importante. Pourtant, près de deux répondants sur cinq estiment qu’il n’est pas assez utilisé dans leur structure.
Actuellement à cause du stress, d’angoisse permanente que la vie nous procure, rire 15 fois par jour à l’âge adulte est une chose exceptionnelle.
Alors que c’est un outil puissant !
Mais attention !
Pour être bénéfique, l’humour doit être bienveillant
Donc, oublié les réflexions sarcastiques, l’ironie, le cynisme, les remarques blessantes dites en riant et qui sont – soi-disant – de l’humour.
Pour moi, ce n’est pas de l’humour, mais de la moquerie ironique, de la raillerie tournant en dérision la personne ou la situation.
Pierre Desproges, célèbre humoriste française, disait que « l’on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ». C’est encore plus vrai au travail !
Il est donc nécessaire, encore, d’être vigilant et honnête, envers nous et envers l’autre.
- Est-ce que ce que nous voulons dire est adéquat ?
- Quel va être l’effet de mes mots sur l’autre ?
- Qu’est-ce que je cherche à obtenir ?
Par contre, l’humour employé à bon escient, peut être :
- une soupape de sécurité,
- un moyen d’alléger une situation, un problème,
- une façon élégante de prendre du recul, de dédramatiser, de rendre les choses plus supportables
dans les réunions de travail intenses, lors d’élaboration de projets compliqués et stressants, pour sortir de crises.
Ou face à un collègue trop perfectionniste ou anxieux ou même pour vous-même
Il apporte un peu de relâchement, d’oxygène.
Il peut être un ciment dans une relation, la marque d’une réelle complicité.
Il permet d’aborder les problèmes d’une manière plus constructive.
De tout temps, l’humour et le rire ont été considérés comme ayant une fonction de libération. Cela aide à « purger » une situation, à observer un certain détachement face à la réalité.
Une étude réalisée aux États-Unis par un psychologue de l’université de Californie sur 341 travailleurs, relève, indique-t-il, que « les employés qui ont le sens de l’humour apparaissent plus motivés, plus créatifs »
L’humour, ce n’est pas simplement raconter des blagues, c’est une manière de construire ses relations avec recul et plaisir.
Bien manié, l’humour peut s’avérer être un formidable levier de management et de gestion de l’entreprise :
- Désamorcer les conflits,
- Négocier un contrat,
- Trouver des idées nouvelles,
- Renforcer la cohésion d’équipe
Et comme une relation n’est jamais « un long fleuve tranquille », cet outil permet d’apaiser les tempêtes, de contourner les obstacles, d’alléger le fardeau de la peine.
Et contrairement à la drogue, l’alcool ou la boulimie, l’humour – utilisé à bon escient – n’a pas d’effets secondaires désagréables, de conséquences fâcheuses.
Conclusion
Si vous observez ces règles, vous allez faire des gains importants :
Vos discussions seront :
- Rapides (5 à 10mn maximum)
- Constructives
- Positives
- Satisfaisantes pour les 2 parties
- Permettant de « nettoyer » la relation
Cela évitera qu’il y ait un cumul négatif qui fera en sorte qu’au bout d’un moment le vase débordera et que des paroles blessantes soient dites ou des gestes inappropriés soient effectués.
Vous bénéficierez de relations saines !
Et c’est tellement important pour le bien-être au travail !
Donc, surtout, ne vous en privez pas !
Sur ce, je vous souhaite de développer de belles communications et relations au travail.
Jacqueline ARBOGAST
Entrepreneure, Auteure, Conférencière, Formatrice
@jacquelinearbogast
@strategiesevolution