Pourquoi je n’aime pas les qualités

Conférencière - Formatrice - Auteure

Pourquoi je n’aime pas les qualités

Avez-vous déjà lu cette citation :

« On voit les qualités de loin et les défauts de près. »

Victor Hugo

C’est une réalité que j’ai remarqué dans les commentaires des gens autour de moi, dans les médias et avec laquelle je suis mal à l’aise. C’est pour moi une forme de négativité (un thème dont j’ai déjà beaucoup parlé)

Pour ma part, je n’aime pas ces termes : qualité et défaut, lorsqu’ils concernent un être humain.

Ils sont trop fréquemment mal utilisés, sous forme de jugement, catégorisation, d’évaluation négative.

Ils nous enferment dans un statut rigide qui va à l’encontre de ce qu’est l’humain, un être qui évolue de sa naissance à sa mort, capable de changements, de progrès, d’enrichissements.

Bien sûr, lorsque vous désirez qualifier, par exemple : un objet, un service, une région et ses spécialités, vous allez souvent utiliser ces termes :

  • Une grande qualité de service
  • La meilleure qualité de … laine, soie, pneu, sièges, matériau, etc…
  • Un résultat sans défaut
  • Un spectacle de qualité

Et c’est tout à fait adapté lorsque c’est adéquat.

Mais en ce qui concerne les personnes, cela me met mal à l’aise…

Car une qualité peut se révéler un défaut et inversement !

Laissez-moi vous donner 2 exemples.

La patience

Lorsque j’animais des groupes de parents, souvent nous évoquions la patience à propos de l’éducation des enfants. C’est – à priori – une belle qualité, n’est-ce pas ?

Et pourtant…

Très vite, je devais mettre en garde les parents. Car, dans mon expérience d’abord d’orthophoniste, puis de psychothérapeute et thérapeute conjugale et familiale, j’ai constaté que – pour beaucoup d’enfants qui posaient des problèmes de comportements – il y avait de la part des parents, un manque de limites et de cadre… et une trop grande patience !

la patience avec les enfants

Les règles n’étaient pas claires, les conséquences mal choisies – souvent excessives car données sur le coup de la fatigue, le ras-le-bol, la colère et /ou de l’exaspération ou absentes par lassitude – et tout cela manquait de constance.

La trop grande patience leur faisait :

  • répéter 10 fois, 20 fois, même 30 fois la même chose…
  • supporter des attitudes inadéquates
  • laisser aller les choses

Ce qui n’était pas bon pour personne (parents ET enfants)

Et les conséquences pouvaient être nocives car cela pouvait créer

  • des conflits entre les parents (il y en a souvent un moins «patient» que l’autre)
  • de l’anxiété chez l’enfant qui ne savait pas où étaient les limites, les garde-fous censés le protéger et le sécuriser.

Cette patience devenait problématique.

Et son contraire, l’impatience, n’était pas assez présente !

La gentillesse

gentillesse

Que le parent qui n’a jamais utilisé cette phrase me jette la 1ère pierre !

« Sois gentil avec … ta sœur, ton ami, ta maitresse… »

C’est un leitmotiv, une directive fréquente, spontanée, encouragée par bien du monde.

Mais quand cela devient une qualité trop mise à l’honneur, cela peut avoir, là encore, des conséquences négatives.

La personne gentille n’osera pas ou ne saura pas :

  • dire non
  • s’affirmer
  • exprimer une opinion contraire ou divergente
  • mettre des limites
  • se respecter et se faire respecter

par peur de déplaire, peiner l’autre, ne pas être « gentille » !

Vous voyez qu’au travers de ces 2 exemples, des qualités peuvent être « nocives » lorsque mal employées, excessives, trop présentes.

Les défauts

Maintenant, parlons des « défauts » !

Je vous l’ai déjà écrit plus haut, je n’aime pas ce terme quand il concerne un comportement humain.

Car il existe des « défauts » qui sont appropriés, utiles, pertinents.

 Comme pour les qualités, je vais vous donner 2 exemples pour vous le démontrer

La colère

Très fréquemment, la colère est vécue comme un défaut. Elle est mal jugée, condamnée et les personnes tentent de la « tasser ».

Si vous me suivez, vous avez déjà dû lire des articles ou écouter des émissions de radio où je parle des émotions.

La colère fait partie des 4 émotions de base.

Et, comme je l’ai répété maintes fois, les émotions sont des messages !
Il n’y a donc pas de bonnes ou mauvaises émotions.

La colère n’est pas nuisible, malveillante ou dangereuse.

C’est la façon de l’exprimer, la manifester ou la traduire qui fera toute la différence.

Si je suis en colère parce que quelqu’un m’a blessé (au sens propre comme au figuré), ou trahi ou manqué de respect … et que je prends ma carabine pour lui tirer dessus, que je le roue de coups, que je démolis quelque chose lui appartenant … Il est évident que c’est excessif, répréhensible, condamnable.

Maintenant, si je prends le temps de lui parler et de lui exprimer mon ressenti, si je pose mes limites et des cadres, si je cherche à comprendre le comment du pourquoi et amène des solutions, ça sera certainement très constructif.

Bien sûr, c’est la solution idéale et qui n’est pas toujours possible.

C’est là où peuvent intervenir des relations : collègues, amis, famille et, si ça ne suffit pas, des professionnels : coachs, médiateurs, ombudsmans, DRH, psychologues-psychothérapeutes, avocats, forces de l’ordre …

Pour les enfants, qu’un parent soit en colère n’est pas une mauvaise chose car cela peut permettre de faire prendre conscience de danger, d’interdit, de règles.

Là encore, tout dépend de la façon dont le parent va la projeter, la faire ressentir.

Donc, encore une fois, la colère n’est pas négative en elle-même ! C’est la manière de l’exprimer qui est en cause.

La timidité

Souvent elle est mal jugée.

L’entourage montre fréquemment un certain mépris, se moque, mésestime les personnes timides. Il les voit comme des personnes n’ayant pas de courage, d’intérêt, d’allant.

Les jumelles

Un jour, j’ai observé des petites filles, jumelles, dans un parc. Elles étaient venues là avec leur maman et elles ont attirées mon regard.

L’une semblait audacieuse et s’est précipitée vers les jeux, grimpant, tombant, se positionnant plus ou moins bien sur les structures. Finalement, après de nombreux essais-erreurs, elle a réussi à bien jouer.

L’autre, timide, est restée près de sa maman pendant tout ce temps, calme, discrète, observant ce que faisait sa sœur.

Au bout d’un moment, elle s’est approchée et a tout de suite su comment faire pour grimper, descendre, s’accrocher.

Elle avait appris en regardant sa sœur !

Avez-vous déjà remarqué que

  • les personnes timides, si nous savons les mettre à l’aise et en confiance, lorsque nous leur posons une question, connaissent la réponse car elles écoutent beaucoup, observent, enregistrent ?
  • leur discrétion font d’elles des personnes agréables, avec lesquelles il est plaisant de passer du temps ? Qu’elles ne vont pas mobiliser toute l’attention, prendre toute la place, se faire remarquer de la mauvaise manière ?

Analyse

défauts et qualités

Au travers de tous ces exemples, je crois que ce qu’il est important et même essentiel de retenir et de comprendre, c’est qu’il n’y a pas vraiment de qualités et de défauts, mais plutôt des comportements inadéquats, excessifs, mal gérés dans certaines situations.

Ces comportements viennent souvent de l’enfance. L’enfant n’ayant pas la maturité, les connaissances et les outils suffisants pour connaître la meilleure façon d’agir ou réagir, va adopter des comportements d’adaptation comme :

  • la peur pour justifier certains de ses refus
  • le mensonge pour éviter des punitions ou faire plaisir
  • la timidité pour ne pas affronter ce qu’il considère comme des épreuves
  • la colère pour attirer l’attention, obtenir satisfaction

Le problème, c’est que ces attitudes vont devenir des réflexes, des habitudes souvent inconscientes et vont se perpétuer à l’âge adulte.

Et cela peut nous nuire.

La réaction la plus courante sera de les « tasser », tenter de les cacher ou encore de les combattre !

En fait, c’est souvent voué à l’échec, c’est épuisant et dans tous les cas de figure, ces « défauts » ne disparaitront pas !

Donc, il est plus judicieux d’apprendre à :

  • les nuancer tout en les gardant car nous pouvons en avoir besoin un jour ou l’autre

Par exemple : modérer son impulsivité, contrôler ses peurs, diminuer son excessivité… en fonction des contextes

  • tenter de comprendre le pourquoi de ces attitudes pour mieux les maîtriser.

Qu’est-ce qu’il y a derrière ?

Est-ce un besoin de reconnaissance, de justice, de compréhension…

Cela nous aidera à mettre en place d’autres façons de faire plus judicieuses, mieux ciblées et reconnues.

Conclusion

J’aimerais qu’un jour, on bannisse les mots qualités et défauts en parlant d’attitudes.

Et qu’à la place, nous parlions de comportements inadéquats, mal adaptés, inappropriés… ou à l’inverse : pertinents, judicieux, ciblés, etc…

Cela évitera de nous catégoriser, de nous mettre des étiquettes sur le dos et nous permettra de modifier, ajuster nos réactions.

Nous accepterons mieux nos « faiblesses ».

De la même manière lorsque nous parlons d’erreurs plutôt que d’échec.

Cela laisse le champ ouvert à des changements, de l’amélioration, des apprentissages complémentaires pour mieux progresser.

Et pour terminer sur un clin d’œil, voici une citation d’Abraham Lincoln :

« L’expérience m’a appris que les gens qui n’ont pas de défauts n’ont que très peu de qualités. »

Sur ce, je vous souhaite de nombreuses forces compétences et atouts dans votre vie ! 😉

Stratégies Évolution

Jacqueline ARBOGAST

Entrepreneure, Auteure, Conférencière, Formatrice

@jacquelinearbogast

@strategiesevolution

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