À cause de la pandémie, le télétravail est devenu plus fréquent et généralisé.
Il existait depuis longtemps mais a ’’explosé’’ ces dernières années.
Et il est là pour rester !
Car il offre de nombreux et indéniables avantages à de nombreux niveaux.
Si je me limite juste aux avantages que cela procure aux personnes qui utilisent ce mode de travail et pas aux entreprises, les études ont constaté que cela leur procurait :
- Une qualité de travail accrue :
Ne pas être sans cesse interrompu par le téléphone ou solliciter par des collègues, permet de pouvoir mieux se concentrer et focusser sur son travail.
- Un gain de productivité :
Être moins sollicité, pouvoir plus se concentrer sur sa tâche, a des effets très positifs au niveau de la productivité qui est accrue, l’attention étant moins dispersée.
- Un cadre de vie amélioré :
Ne pas être dans une immense pièce avec des cubicules, des aires ouvertes et tout le bruit qui va avec, des bureaux sans fenêtre, des salles partagées, des endroits pleins d’odeurs plus ou moins agréables …
Voici des gains que beaucoup de personnes apprécient et du coup, ne veulent plus en être privé.
- Une économie de temps :
Gagner 1 à 3 heures de temps par jour soit, en moyenne 10h par semaine (plus qu’une journée de travail !), c’est énorme. Cela permet, par exemple, de se donner du temps pour des activités mises de côté ou oubliées.
- Moins de stress avec les trajets et les transports :
Les accidents sur la route, les problèmes de météo, les bouchons (congestions), la peur d’arriver en retard, les métros arrêtés pour des incidents techniques, les bus bondés, le manque de stationnement …
Tout ce vécu, répétitif, en moins sur les épaules …
Quel soulagement !
- De la souplesse dans la gestion du temps et de ses horaires :
Pouvoir commencer plus tard ou plus tôt, s’accorder une ½ journée, voire une journée de pause en modulant ses horaires, concentrer ses heures de travail sur 3 ou 4 jours et avoir des journées « Off », etc … Quel plaisir !
- Une plus grande autonomie dans la gestion des tâches :
Ne plus être tenu à certaines exigences de planning, d’organisation, de hiérarchie, s’organiser selon nos « désirs », accomplir les tâches à notre manière…
Cela donne un sentiment de liberté et d’autonomie très apprécié.
- Des économies financières :
Moins de dépenses en essence, tickets de transport, achats de repas, tenues de travail … pour n’en citer que quelques-uns, ce sont des atouts qui « comptent » !
- Une meilleure conciliation travail-famille :
Pouvoir passer plus de temps avec son-sa conjoint-e, ses enfants – sans être épuisé par sa journée de travail et de transport – mieux s’organiser avec les conduites, les horaires de garderie et/ou d’école, quelle souplesse agréable !
Tous ses atouts font du télétravail un mode de fonctionnement qui plait à de nombreuses personnes, certaines ne voulant plus du tout retourner en présentiel !
Cependant, même si le télétravail présente de nombreux avantages pour celles et ceux qui en bénéficient, de plus en plus d’inconvénients sont évoqués, des conséquences néfastes sont révélées, des aléas sont mis à jour. Et cela à plusieurs niveaux.
Les problèmes liés au télétravail
Il existe plusieurs phénomènes
- Risque d’isolement :
Suite à la pandémie et au confinement, nombreux-ses sont les personnes qui ont continué sur leur lancée. Travailler de chez soi, est devenu une habitude, une routine.
Ces personnes s’en sont accommodées et ont perdu le goût de la socialisation. Elles sont comme dans un cocon protecteur dont elles ne veulent pas sortir, soit parce que ça leur convient, soit par peur d’affronter l’extérieur qui est devenu « dangereux » …
Elles se contentent de contacts virtuels et ne sortent pas ou plus de chez elles, si ce n’est pour l’essentiel.
- Déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
Le fait de partir le matin et renter le soir de son travail nous donne un rythme de vie, avec 2 grands moments : le temps passé à son job, le temps en famille.
Mais lorsqu’on se retrouve dans un même lieu, il y a risque de mélange ou de déséquilibre. Travailler avec son enfant sur les genoux, préparer le repas tout en étant au téléphone avec un associé, contacter un client et mettre une lessive en route …
Il existe des difficultés à établir une frontière claire entre la vie privée et la sphère professionnelle.
Par exemple : prendre trop de temps pour le travail au détriment de son entourage …ou inversement !
Le risque est réel de se laisser emporter par ses dérives.
- Stress lié aux objectifs
Lorsque l’on travaille en équipe, nous avons l’occasion d’échanger sur nos peurs, nos soucis, les problèmes liés à tel ou tel projet. Cela nous permet de ventiler, de relativiser.
En télétravail, c’est plus difficile, il n’y a pas ou peu de rencontres informelles, d’échanges autour de la machine à café. Il n’y a plus les éléments de comparaison ou d’évolution pour nous permettre de faire le point de manière objective.
Il est difficile alors de ne pas s’inquiéter, se demander si on est dans les temps, si la qualité de son travail est correcte, si ce qu’on a fourni répond aux exigences.
Si ça s’accentue, des symptômes de sur-stress, d’anxiété peuvent apparaître.
- Crainte d’être « oublié » par l’entreprise
Les alliances, les déjeuners d’affaires, les rencontres programmées …ou non …, les réunions, sont autant d’occasions de démontrer notre travail, de s’intéresser à ses collègues, d’établir des contacts, de se faire remarquer par le patron, le DG, le coordinateur …
Là, seul dans son coin de table, sans vraiment de possibilités de se faire remarquer, d’apporter son regard spontané ou de démontrer certaines expertises, le challenge peut être très haut, mal vécu, déstabilisant.
Un manque d’estime de soi ou de confiance en soi peut alors se développer, avec tous les effets qui vont avec.
- Démotivation due à la monotonie
Être toujours assis devant son écran, refaisant sans cesse les mêmes tâches, jour après jour, sans moment de distraction, d’échanges spontanés, de fêtes organisées avec les collègues, de réunions formelles et informelles peut devenir très routinier, sans saveur et sans odeur.
Et l’ennui va s’insinuer peu à peu. Notre travail n’aura plus d’intérêt. Si on ne pose pas la question de la cause, il se peut que nous en changions et qu’après la lune de miel du début dans le nouveau job, on retombe dans la monotonie.
- Manque de contacts humains
A l’opposé des personnes qui perdent le goût de rencontrer des gens, certains travailleurs souffrent énormément du fait d’être isolés, face à une machine.
Ils préfèrent les activités en présentiel plutôt qu’en visio-conférence, ils ont des personnalités empathiques, ils aiment travailler en équipe. Les contacts humains leurs manquent et c’est très difficile pour eux d’être isolé.
- Mauvaise gestion du temps
Nombreux sont ceux qui avouent ne pas réussir à mettre de limites dans leur temps, à se laisser absorber par leur tâche, à prolonger tard dans la nuit leur présence devant l’ordinateur. Il leur reste toujours quelque chose à faire, d’urgent évidemment ! Le risque, c’est de trop travailler, de s’en mettre trop sur les épaules, de se laisser aller au perfectionnisme.
À l’opposé, d’autres se plaignent de se laisser déborder par leurs tâches ménagères, les enfants, la gestion de la maison, l’intendance et de ne plus accorder assez de temps à leur travail. Et ils peuvent alors tomber dans une spirale négative, allant jusqu’à la procrastination.
Dans un cas comme dans l’autre, le manque de limites, d’organisation, de priorité sont des facteurs pouvant expliquer cette attitude nocive.
- Surcharge mentale
Lorsqu’on se retrouve à gérer plusieurs dossiers en même temps : maison, famille, travail, sans vraiment leur donner un ordre de priorité, un temps spécifique à chacun et une valeur réelle, il s’ensuit un sur-stress, une surcharge mentale qui peut devenir très dangereuse, de par ses conséquences : procrastination, sur-stress, burnout, dépression, crise d’anxiété, mal-être …
- Distractions venant de la famille
Avoir ses enfants près de soi, les entendre pleurer, jouer, se disputer, nous réclamer est très difficile à vivre. Comment expliquer à un petit qui nous voit, présent, à la maison que non : je ne suis pas là, je ne suis pas disponible.
Comment leur imposer de ne pas faire de bruit parce : maman, papa travaille ?
Comment limiter leur espace, quand le « bureau » se retrouve dans la salle à manger, la cuisine, le salon ?
- Les symptômes physiologiques et psychiques
Nombreux sont ceux et celles qui n’ont pas une pièce isolée pour travailler, voire même pas un bureau et/ou un fauteuil adapté et ergonomique. Ils se retrouvent dans leur salon, leur cuisine ou leur chambre.
Du coup, de plus en plus de personnes se plaignent de douleurs aux bras, aux poignets, au dos, des problèmes d’yeux, de surpoids, car elles sont mal installées, avec de mauvaises postures et de trop grandes heures devant leur écran et peu d’activités physiques.
D’autres présentent des symptômes dépressifs, anxieux, fatigues excessives, manque d’attention et de concentration, insomnies, addictions, du fait de leurs conditions de travail mal gérées : temps de travail trop long, trop de tâches à accomplir, environnement inadéquat, etc …
Réflexions
Il existe d’autres effets négatifs au télétravail, entre autres, aux niveaux des entreprises.
J’ai nommé les plus fréquents qui concernent les individus.
Les inconvénients, réels, du télétravail sont à prendre en considération.
Il est nécessaire, si on adopte cette forme de travail, de mettre des garde-fous, de se donner des cadres, d’être attentif aux dérives potentielles afin de prévenir et les pallier.
Comment se protéger de toutes ces conséquences potentiellement négatives
Si je reprends mes points nommés ci-dessus, il existe des actions spécifiques à mettre en place.
- Activités en groupe
Pour éviter l’isolement, il existe une règle simple : avoir 3 activités – en groupe, très important – qui couvrent les 3 piliers de l’équilibre humain :
- Une active « intellectuelle » : apprendre une langue, suivre un cours qui nous intéresse, faire partie d’un club de scrabble, de bridge, participer à des conférences et des débats, s’inscrire à un club de lecture, …quelque chose qui nous force à réfléchir, faire des analyses, des synthèses, afin de continuer de stimuler notre cerveau gauche
- Une activité créative : notre cerveau droit, celui de l’imagination, a également besoin d’être sollicité : un cours de peinture, sculpture, photos, cuisine, ébénisterie, art des bouquets japonais, chorale, instrument de musique, … tout ce qui peut l’enrichir est bon
- Une activité corporelle : faire bouger son corps est très important pour se maintenir en santé. Donc, suivre des cours de danse, faire partie d’un club de hockey, badminton, trampoline, tir à l’arc, aviron, football, escrime …
Peu importe ce que vous choisirez, pourvu que ce soit en groupe !
C’est essentiel pour créer et/ou maintenir des liens sociaux, sortir de sa zone de confort, rencontrer des personnes ayant des points communs avec nous et qui ne font pas partie de notre cercle habituel (famille, amis).
- Plages horaires et le planning
Se donner un planning avec des plages horaires spécifiques, se mettre des alarmes, écrire une « To do List » puis la trier selon la grille d’Eisenhower, se prévoir des périodes « tampons », des plages horaires de secours, varier les activités en alternant les tâches à accomplir, …tous ces outils sont à mettre en place.
Ils sont utiles, efficaces et ont fait leurs preuves.
- Feed-back, supervision, coaching
Même la personne la plus experte peut avoir besoin de prendre du recul, d’avoir un regard extérieur, un autre point de vue.
Demander des rencontres en groupe et /ou en individuel avec son superviseur, son directeur de département ou toute autre personne pouvant vous éclairer et en qui vous avez confiance est un atout.
Vous pouvez également faire appel à des personnes extérieures comme un coach, un mentor, un guide.
- Participation active
Pour avoir accompagné nombre de clients qui vivaient ce genre de situation : malaise en télétravail, j’ai été surprise – pour ne pas dire estomaquée – d’apprendre que certains employés n’allumez pas leur caméra, ne se mettez pas en tenue de travail, ne participez pas aux réunions…
Je trouve que c’est un manque de respect vis-à-vis des autres collègues, patrons, équipes présentes mais également un piège pour la personne elle-même.
Ne plus « s’habiller », rester en « mou », ne plus prendre soin de soi, ne plus avoir de discipline de soin pour nous-même est extrêmement dangereux. Il y a comme une sorte de laisser-aller mental qui s’installe et nous tire vers le bas.
Cela peut amener à développer une démotivation progressive, un manque d’allant, d’entrain, un désintérêt et aboutir à des symptômes de mal-être avec un sentiment d’inutilité …
Donc, une clef pour rester dans un certain bien-être : garder une participation active à tous les niveaux, pas seulement en faisant acte de présence devant l’écran.
- Pauses
Depuis que l’enseignement existe (époque de Charlemagne en France ), il a été institué en parallèle, des moments de pause.
Au travail, il en est de même. Les ouvriers dans les usines se sont battus pour obtenir ses temps d’arrêt dans leur journée.
Avec le travail sur ordinateur, c’est comme si ça n’avait plus sa raison d’être. C’est totalement faux et contre-productif !
Il est important, essentiel même, de s’accorder des pauses pour garder sa santé physique et mentale.
Bouger, faire une courte marche, chanter, danser, faire des mouvements d’étirements, d’assouplissement ou de yoga, du braingym, etc … tout est bon quand ça nous fait modifier notre position, nous changer les idées, nous donne une pause mentale !
- Limites
Travailler 10 heures par jour, le soir, les week-end est très nocif et peut avoir des répercussions négatives à différents niveaux : couple, famille, travail, relations …
S’imposer et aussi négocier des horaires réalistes et fixes, savoir s’arrêter à temps, établir une durée maximale quotidienne et hebdomadaire entretient l’équilibre psychique et relationnel.
Tout le monde est gagnant !
- Les bons outils
Pouvoir bénéficier des bons outils informatiques, ergonomiques, environnementaux facilite le travail, permet d’éviter les problèmes musculo-squelettiques et assure un meilleur investissement mental.
« Battez-vous » pour vous les donner, les obtenir, les négocier ! Là encore tout le monde sera gagnant dans la durée !
- Lieu isolé
Quitte à aménager le sous-sol ou le grenier, à louer un bureau en co-working dans votre commune pour éviter les gros déplacements, à transformer votre chambre pour y aménager un coin confortable, à l’abri du bruit et de toutes les sollicitations de la maison : famille, animaux, vision … Là encore, c’est se donner des atouts pour mieux travailler, dans de meilleures conditions. Et comme le travail nous prend environ 8 heures par jour, cet investissement en vaut la peine.
Conclusion
Le télétravail est une forme de travail pleine d’atouts et cela va se développer et se poursuivre de plus en plus.
Oui, mais …
Il est cependant important de rester très vigilant à la manière de se comporter dans cette nouvelle approche professionnelle, prendre des précautions, se mettre des garde-fous, des limites, un cadre.
Car, comme dans toutes activités, il peut y avoir des dérives, des côtés plus négatifs.
Jacqueline ARBOGAST
Entrepreneure, Auteure, Conférencière, Formatrice
@jacquelinearbogast
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